Par une maîtrise de l’agencement dramatique tout anglo-saxonne, Matt Hartley force la porte de trois appartements et fait peu à peu monter la pression au sein de trois groupes d’individus : des parents désemparés ; des amis au retour d’une soirée arrosée et tendue ; un couple cimenté par la passion et la méfiance mutuelle. Ces trois actes, se déroulant en temps réel sur une heure trente, pourraient constituer trois pièces courtes indépendantes, si ce n’était le brio avec lequel l’auteur enchevêtre les divers éléments du puzzle. Car dans ce portrait d’une classe moyenne qui vise la maîtrise de soi et craint le scandale, il introduit un évènement grave qui révélera la mesquinerie ordinaire, les compromissions quotidiennes et obligera les protagonistes à se regarder en face et tenter de retrouver leur dignité humaine… ou ce qu’il en reste.
Grâce à une langue effilée et efficace, Matt Hartley livre un texte virtuose, véritable boîte à jeu pour les acteurs : ces trois huis clos confirment que l’enfer, c’est bien les autres. Le texte, édité aux éditions théâtrales, a reçu le Prix de la traduction lors des journées de Lyon en 2013.