MINGA DE UNA CASA EN RUINAS

Sur l’île de Chiloé, au sud du Chili, quand on déménage, on déplace les maisons par la mer ou à dos de voisins, lors d’une cérémonie collective appelée minga. Sur scène, une femme charrie des centaines de morceaux de bois, restes épars d’une maison en ruine. Elle retrace l’histoire de trois maisons — dont celle de sa mère, contrainte à l’exil — et des souvenirs laissés derrière, des racines arrachées et des tentatives de reconstruction.

Le collectif Cuerpo Sur, porté par Ébana Garín Coronel et Luis Guenel, s’empare de cette tradition ancestrale pour explorer la notion d’habitat et d’appartenance. Les vestiges réels d’une maison – les tejuelas, lattes de bois typiques de Chiloé – deviennent matériau, décor, personnage. Ébana Garín manipule ces fragments, compose avec eux un espace mouvant, visuel et sonore, au fil d’un récit à la fois personnel et universel. Combien de foyers faudra-t-il détruire pour enfin comprendre qui nous sommes ? Pouvons-nous construire sur ces ruines un autre avenir ?